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10 décembre 2020

Kalpa taru, l'arbre à souhaits

Laissez-moi aujourd’hui vous raconter un conte, celui du Kalpataru :

Ce conte est raconté dans le Mahâbhârata. Le Mahâbharata est une épopée mythico-historique. Le conte ci-dessous fait partie des récits qu’on y trouve. Le Kalpataru, l’arbre qui exauce les désirs, du récit était probablement un figuier banian qui est un arbre sacré qui symbolise l’éternité car ses branches deviennent des racines qui feront un autre arbre. Aujourd’hui encore, des tissus sur lesquels des vœux sont écrits sont accrochés aux banians.

Voici ce récit :

Dans une pièce, il y a des enfants qui jouent. Leur oncle leur dit de lever les yeux, de regarder par la fenêtre et d’observer le grand kalpataru au dehors. Il leur dit qu’ils devraient mettre de côté leurs jeux idiots et aller sous l’arbre qui leur donnera tout ce qu’ils désirent. Les enfants se précipitent dehors, se placent sous les branches et demandent... Ils demandent ce que désirent les enfants : des jouets et des bonbons.

L’arbre leur donne ce qu’ils désirent, mais aussi un bonus : l’exact contraire de leur désir, qui fait partie de celui-ci. Avec les jouets, l’ennui ; avec les bonbons, le mal de ventre. Certains que quelque chose a dérapé dans leurs souhaits, ils demandent des jouets plus grands et des bonbons plus sucrés. L’arbre les exauce, avec aussi un ennui plus grand, et des maux de ventre plus violents. Le temps passe. Les enfants deviennent des jeunes hommes et des jeunes femmes. Leurs désirs changent avec l’âge. Maintenant, ils « savent mieux ». Ils demandent richesse, renommée, pouvoir et sexe. Sans poser de questions, l’arbre exauce leurs désirs, mais leur donne aussi cupidité, insomnie, anxiété et frustration. Le temps passe. Ils deviennent vieux. Ils se rassemblent sous l’arbre. Un groupe dit que tout cela est illusion : ils sont des insensés, ils n’ont rien appris ! Un deuxième groupe est plus « sage » et décide de faire des souhaits plus pertinents à l’avenir : ils sont encore plus insensés, ils ont encore moins appris. Le troisième groupe, dégoûté de tout, demande à mourir. L’arbre exauce leur désir, et avec lui son contraire, la renaissance, et sous le même arbre. Car où quelqu’un peut-il mourir, ou renaître, sinon dans le cosmos ! Ce sont les plus fous de tous.

Lorsqu’ils étaient enfants, au tout début, l’un des enfants était incapable de sortir de la pièce. Il était paralysé, et ses camarades le poussaient de côté quand ils se précipitaient vers l’arbre. Il était collé à la fenêtre, et observait se dérouler le jeu du Kalpataru. Il observait ses camarades formuler leurs souhaits, les obtenir avec leur contraire qui en fait partie, souffrir, et pourtant, irrésistiblement, continuer à formuler de nouveaux souhaits. Fasciné par ce jeu de souhaits accordés avec leur contraire, une vague de compassion pour ses camarades monta dans le cœur de ce garçon paralysé. Il en oublia de désirer quoi que ce soit, sans même s’apercevoir de cet oubli. Par cet instant de compassion spontanée, il avait coupé les racines de l’arbre cosmique avec l’épée du non-attachement. Lui seul est un homme libéré.

D’après ce conte, le désir sous le Kalpataru, s’il est puissant, est satisfait, mais apporte dans son sillage le prix à payer qui, le plus souvent, l’emporte sur la satisfaction éprouvée à voir son désir satisfait.

 

Un poème de Yayâti  résume cela en mots d’une simplicité trompeuse qui vont droit au but :

 Le désir ne cesse jamais,

Le désir croît quand on le nourrit

Comme les flammes du sacrifice,

Quand elles lèchent le beurre fondu.

Devenir le seul maître des champs

De riz du monde, des champs de blé,

Des pierres précieuses, du bétail, des femmes...

Cela n’est toujours pas assez.

Rejette le désir.

Cette maladie tue. Le méchant

Ne peut pas s’en défaire, la vieillesse

Ne peut l’atténuer. Le vrai bonheur,

C’est de le contrôler.

(Adi Parvan, 85, 12-14)

(le poème est extrait du texte du Dr. Pradip Bhattacharya - Le désir sous le Kalpataru, l’arbre-qui-exauce-les-désirs)

 

Si on revient au Yoga, symboliquement, il est dit que Kalpataru, l’arbre à souhait est au niveau du chakra du cœur.

Il y a autre chose au niveau du cœur… rappelez-vous ou bien reportez vous à l'article sur les 3 granthis :

Le nœud de Vishnu est le nœud de l'ego, de la personnalité, mais aussi de la peur d'être seul. Il est aussi le nœud de l'attachement affectif dans un sens excessif, qui serait bloquant pour l’épanouissement, des désirs et de leurs objets ou bien de l’engagement social ou politique fort, également des passions intenses même dans les loisirs. En fait c’est le nœud des justifications émotionnelles et des attachements. Ce nœud bloque le cœur qui ne peut s’épanouir et accomplir sa fonction sacrée. Lorsque ce nœud se défait, l'attachement à la personnalité se transforme en un accès à la connaissance intuitive, à l'amour inconditionnel et à la bienveillance, à l’amour de la vie. Il est donc d’une importance capitale pour l’équilibre et le plein épanouissement de l’être et pour l’expérience de « Tout le monde est en moi et je suis en chacun ».

Si on essaie de dénouer ce nœud de Vishnu symboliquement placé dans le chakra du cœur,  c’est que le 1er nœud, le Brahma granthi est dénoué (C'est le noeud de l'animalité, de l'attachement, de la défense du territoire, de la quête de nourriture et de sexe, de la peur de mourir). Si ce Brahma Granthi est dénoué, cela veut dire qu’un certain nombre de choses sont dépassées. Si cela est le cas, on ne risque pas d’avoir le problème des enfants du conte car la matérialité aura moins d’importance et une nouvelle façon de penser s’est installée, nous permettant de ne plus être victime de nos pensées et de prendre en main notre destinée en créant notre monde. Et c’est là que Kalpataru prend un autre sens : les pensées et les désirs deviennent plus vrais à condition qu’ils ne soient pas teintés des anciennes notions que l’on a dépassées. Leur formulation est importante car ils ne doivent pas être teinté de pessimisme, de négativité, de doute, de peur et d’ego. Swani Satyananda disait que le cours du destin existe, mais lorsque Anahata s’éveille, on devient capable de réaliser notre potentiel et d’aller au-delà de ce que le destin nous a réservé, de prendre des décisions qui nous mèneront au-delà du domaine du karma et du destin. On prend en quelque sorte les commandes de notre voyage dans cette vie, et on crée notre futur grâce à des pensées que l’on choisit.  Pour expliquer cela, Swami Satyananda disait « c'est comme jeter un objet dans le ciel, juste hors du champ gravitationnel où il ne peut plus être tiré en arrière par les forces magnétiques de la Terre ».

 

 

libre

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