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25 mai 2020

Contemplation : Appelez moi par mes vrais noms

Voici une proposition de contemplation, c'est un poème de Thich Nhat Hanh, un moine bouddhiste qui a créé le Village des Pruniers et permis l’accès à la méditation de pleine conscience ici. N’hésitez pas, si vous avez envie de faire de ce texte une contemplation, à vous mettre un instant dans un endroit calme, à le lire pourquoi pas à haute voix, à le lire avec votre cœur, à le sentir vibrer en vous, et à fermer ensuite les yeux, à voir ce qu’il provoque, à accueillir ce qu’il provoque.

Lire à haute voix est quelque chose d’important parce que ça aide à focaliser, à attraper le mental pour qu’il ne gambade pas : vous parlez à haute voix, vous entendez ce que vous dites, on sent la vibration des sons dans les cordes vocales, dans la cavité buccale, on a envie de lire en mettant le ton, tout ça fait que « tout le haut » est occupé. Vous voyez ce que je veux dire. C’est aussi une fonction des pratiques de Bhakti qui est le chant de mantra.

 

Appelez-moi par mes vrais noms

Ne dites pas, je serai parti demain,

car je ne cesse de naître, aujourd’hui encore.

 

Regardez en profondeur : je nais à chaque seconde

bourgeon sur une branche printanière,

oisillon aux ailes encore fragiles,

apprenant à chanter dans mon nouveau nid,

chenille au coeur d’une fleur ;

bijou caché dans une pierre.

 

Je ne cesse de naître, pour rire et pour pleurer ; pour craindre et pour espérer :

Mon coeur est rythmé par la naissance et

la mort de tout ce qui est vivant.

 

Je suis l’éphémère se métamorphosant sur l’eau de la rivière,

et je suis l’oiseau qui, au printemps, naît juste à temps

pour manger l’éphémère.

 

Je suis la grenouille nageant heureuse dans la mare claire,

Et je suis l’orvet approchant en silence pour se nourrir de la grenouille.

 

Je suis l’enfant d’Ouganda, décharné, squelettique,

aux jambes pareilles à des bambous fragiles,

et je suis le marchand d’armes vendant des armes meurtrières à l’Ouganda.

 

Je suis la fillette de douze ans, réfugiée sur une frêle embarcation,

Se jetant à l’eau pour avoir été violée par un pirate,

et je suis le pirate, au coeur incapable encore de voir et d’aimer :

 

Je suis un membre du Politburo,

et je suis l’homme qui doit acquitter sa « dette de sang  » envers mon peuple,

mourant lentement aux travaux forcés.

 

Ma joie est comme le printemps, chaude,

au point d’épanouir des fleurs en tout mode de vie.

Ma peine forme une rivière de larmes, débordante,

au point d’emplir les quatre océans.

 

S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms,

Que j’entende ensemble mes cris et mes rires,

Que je voie ma joie mais aussi ma peine.

 

Appelez-moi, s’il vous plaît, par mes vrais noms,

Que je m’éveille, et ouvre pour toujours la porte de mon cœur,

la porte de la compassion.

 

Thich Nhat Hanh

 

Thich-Nhat-Hanh-portrait

 

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