Comment envisager les pensées dans la méditation ?
comment interpréter le fait qu’on accueille nos pensées ?
Cela revient à essayer de comprendre ce qu’est Tattva Bhâvanâ : La méditation sur la réalité. Le mot Bhâvanâ signifie « méditation » mais aussi « se sentir dans ». La réalité dont il est question est ce qui se présente à chaque instant mais aussi les caractéristiques de l’expérience consciente (avant d’avoir une pensée ou une interprétation au sujet de cette expérience).
Les pensées, les ressentis émotionnels qui émergent spontanément font partie des caractéristiques de l’expérience. Nous observons alors la qualité d’une pensée ou d’une émotion sans s’engager dans leur contenu. On essaie pas d’évaluer si les pensées sont vraies ou fausses, on ne s’engage pas dans leur contenu de façon verbale.
On note simplement qu’il y a une pensée, sa qualité. On ne peut pas dire « qu’on pense à une pensée », ce n’est pas cela. C’est juste noter si c’est une pensée de type anxieux, de type joyeux, de type paisible, etc. Ce n’est pas non plus un étiquetage d’une pensée. C’est juste remarquer l’ambiance (on dirait en Yoga : remarquer la qualité de l’énergie) et cela demande un peu de pratique. C’est la même chose pour les émotions. Avec de la pratique, on apprend à ne pas les étiqueter, juste à être avec.
On apprend aussi avec la pratique, à ne pas prêter plus d’attention aux pensées, aux ressentis émotionnels, qu’aux bruits autour de nous ou aux sensations du corps. Tout reçoit une attention égale.
On peut faire ainsi évoluer une pratique vers une sorte de « vénération » de la conscience elle-même. Ce que je nomme vénération faute d’un meilleur terme, ce n’est pas une émotion ou un respect à proprement parler, c’est plutôt une capacité à vivre une sorte de respect pour ce qui est (on dit en Yoga : « être avec ce qui est »). C’est un peu comme un sens du sacré mais sans pensée qui discute avec ces notions. Petit à petit on progresse vers cette « vénération », cette « observation calme » car elle fait partie de notre conscience qui est caractérisée par une ouverture, un calme, une immobilité. On peut se connecter à cela même si la sphère de l’expérience contient des personnes difficiles, ou si on a des moments difficiles. Cette « vénération ou observation calme » ne veut pas dire qu’on approuve quelque chose qui ne va pas, que c’est bon alors que manifestement ce n’est pas bon du tout. Non ! C’est juste ce genre de calme avec de l’amour omniprésent. Ne vous méprenez pas sur le sens du mot amour, car notre conditionnement fait que dès qu’on prononce ce mot amour, on le traduit par « aimer beaucoup ». Ca signifie juste que notre état n’est pas dérangé par un enfant qui fait une crise de colère, une dispute, un bruit parce que cet état fait partie de notre conscience. C’est une bienveillance intrinsèque. Cela ne fait pas partie du mental, mais bien de notre conscience. Le mental s’exprime, lui, par des « préférences » sous forme d’attachement ou d’aversion : j’aime ça, j’aime pas ça, je veux ça, je veux pas ça. Alors on peut, avec la pratique regarder avec ce respect et cette bienveillance notre mental qui fait ses petites manigances à droite et à gauche, ses petites compulsions. On observe cela. Ca n’est pas un problème du tout d’observer cela. Ce qui serait un problème ça serait d’imaginer que NOUS SOMMES ces histoires de mental. Mais il nous faut de la bienveillance pour nous même car ce sont nos expériences, nos vies, notre qualité d’humain qui crée ce mental qui lui-même crée toutes ces préférences et nos réactions. En fait, on voudrait expérimenter et s’installer le mieux possible, le plus souvent possible dans la conscience, cet espace calme, silencieux, ouvert qui contient tout le reste.