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18 avril 2020

Yoga de Patanjali ? Yoga tantrique ? quelques explications...

Les 5 Yamas et 5 Niyamas, et les autres pratiques qui constituent la « technique » du Yoga ont été définies par Patanjali, le sage qui a codifié tout cela, mis en ordre tout cela en quelque sorte. Patanjali a vécu au IIème siècle avant J.C.. Il a en fait codifié avec rigueur et acuité une tradition bien antérieure. Sa classification est celle qui a été retenue dans beaucoup de discours d’aujourd’hui. Pratique et claire, cette classification est assez visuelle. Ce « Yoga de Patanjali » porte le nom de « raja Yoga » (ou Yoga Royal) dont on parle souvent. Notez bien le nom …. Raja Yoga ou Yoga Royal.

Dans les Yoga Sutras écrits par Patanjali, le Yoga y est défini comme la capacité de suspendre, d’arrêter (nirhoda) tous les mécanismes, automatismes, fluctuations et tourbillons (vritti) du psychisme (chitta) afin d’ « établir le contemplateur dans sa propre nature », autrement dit dans un état de pure conscience (samadhi). Ceci explique pourquoi, lorsqu’on est en fin de séance de Yoga, pendant la phase de relaxation ou de méditation où l’espace intérieur est plus apaisé, je vous dit que cet arrêt du mental, ce calme intérieur est notre état naturel, notre nature profonde, sans les fluctuations du mental qui l’obscurcissent. La définition de Patanjali est en effet véritablement la définition (le but ?) d’une pratique de Yoga : se connecter à sa nature profonde, la pure Conscience.

Ce Yoga de Patanjali était celui des personnes dont la voie spirituelle était le centre de vie, vivant retirées ou en ashram, des religieux.  On peut dire que ce Yoga là correspondait à une étude froide des fonctionnements de la pensée.

Pourtant, tout ce dont on parle aujourd’hui, toutes les notions qu’on attribue au Yoga aujourd’hui, et que bien d’autres pratiques utilisent, que ce soit le corps subtil ou corps énergétique, les chakras, etc, n’ont pas été proposé par ce Yoga royal, ce raja Yoga mais par….le Tantrisme d’apparition un peu plus récente (Vème ou VIème siècle). Ce Tantrisme dont je parle est celui qu’on appelle tantrisme classique, par opposition à celui qu’on appelle néo tantrisme d’apparition encore plus récente. Malheureusement (mais peu importe, on fait avec mais disons qu’on se sent un peu obligé de le préciser), il y a une confusion et une incompréhension sur le mot Tantrisme. Si vous tapez ce mot sur google, il y a de forte chance pour que vous tombiez sur des histoires croustillantes et de nature sexuelle. C’est même certainement ce que ce mot vous évoque au premier chef. On trouve ce mot partout, parfois même dans les magazines, dans des conférences concernant le couple, parfois associé avec une notion d’extraordinaire expérience sensuelle.

Et là, pendant que je vous écris ça, je me demande comment je vais résumer la situation……

Pour faire court et clore le sujet et la confusion sur la connotation sexuelle, nous allons résumer ainsi : Le tantrisme classique est donc né vers le Vème siècle dans la vallée du Cachemire et il correspond à la conception la plus originale du potentiel humain jamais proposé. Mircea Eliade, l’historien des religions, l’a qualifié « de plus grandiose création spirituelle de l’Inde post bouddhiste ». Il porte même le nom de Splendeur. C’est un enseignement extraordinaire, cartographiant la Conscience d’une façon profonde, nous menant au centre de nous-mêmes dans un voyage vers la Réalité, l’Absolu. Ce tantrisme là porte le nom de Tantrisme Classique, mais son vrai nom est le Tantrisme Shivaîte du Cachemire (ou Shivaïsme du Cachemire). Il est basé sur la relation entre Shiva (la Conscience) et Shakti (la force créatrice) qui fait  que le monde manifesté, tout ce qui est créé et existe correspond à une expression de la Conscience, un peu comme si on disait que ce que nous créons de nos mains  à d’abord existé dans notre pensée et que de ce fait, notre pensée et ce qu’elle a créé ne font finalement qu’un, seule la forme change, d’un coté un élément intérieur et de l’autre un élément extérieur connecté au monde visible. Ces notions de Conscience et d’Energie créatrice sont symbolisées par deux personnages Shiva (celui qui est assis en méditation sur la grande photo qui est dans la salle de Yoga) et Shakti qui est non pas son épouse mais sa facette féminine (ils ne font qu’un….).  Conscience et Energie sont tant liés qu’ils sont représentés symboliquement  soit comme un couple enlacé (bien collés serrés puisqu’ils ne font qu’un…), soit comme un être mi homme mi femme puisqu’ils sont intimement liés (la photo tout en bas). Et là, patatras…….un couple enlacé, réputé être en union tant la Conscience aime l’Energiee et tant elles sont liées et indissociables…..pris au premier degré, cela donne une histoire de couple en train de faire crac crac. Certaines sectes (et le mot n’est pas péjoratif dans les pays orientaux) avaient recours  à une union sexuelle ritualisée au possible, et vraiment très particulière, avec récitation de tout un rituel, qui porte le nom de Maithuna, mais c’était très minoritaire et appelée Voies de la main gauche, par opposition aux Voies de la main droite, largement majoritaires, qui ne faisaient pas cela. Mais l’occident n’a vu que ça. N’a compris que ça et a fait une joyeuse salade, un buzz comme on dit, sensé amener les couples dans l’espace frétillant de la joie conjugale. Résultat, lorsqu’on parle de Tantrisme, il faut prendre des pincettes pour que les personnes ne pensent pas que les cours de Yoga ont un coté olé olé. Alors on ne prononce pas le mot…..Alors on reste dans le mot Yoga….on utilise au mieux le mot Hatha Yoga qui est le Yoga tantrique. C’est véritablement une notion qui a été mécomprise et salie par les occidentaux, jetant le discrédit sur cette Tradition.

Alors comment différencier le Yoga tantrique du Yoga non tantrique. En Occident, je pense qu’on ne peut plus tant tout est mêlé et pas toujours compris.

Le Yoga Tantrique a repris les 5 Yamas et les 5 Niyamas mais les a mélangé et en a rajouté. 5 Yamas de plus et 5 Niyamas de plus.

Le Pranayama (le travail sur le souffle) devient la technique centrale de la pratique.

A l’étude du fonctionnement froid de la pensée dans le Yoga de Patanjali se substitue maintenant une notion de corps énergétique (aussi appelé corps subtil) de l’être humain, qui est une sorte d’hyperphysiologie subtile, en rapport avec nos émotions. Patanjali n’ignorait pas cela mais il le jugeait accessoire par rapport à son but quand il a écrit sa codification. Le Hatha Yoga devient une pratique de puissance puisqu’il est maintenant établi que le corps physique et le corps d’émotion (au sens de l’ensemble de nos émotions, le « corps énergétique ») sont liés et fonctionnent ensemble (on ne sépare plus l’humain de ses émotions). Alors le Hatha Yoga va se charger de fortifier le corps, pour que la santé soit meilleure et avoir un effet aussi sur la gestion des émotions et inversement, renforçant donc ce « corps énergétique ». On travaille aussi sur ce corps énergétique (ce corps d’émotion) en travaillant sur les chakras, sur les nadis (qui correspondent à peu près aux méridiens d’acupuncture) sensés faire circuler notre énergie vitale dans tout notre corps. On fait une belle place aux Mudras (ces gestes des mains) et aux Mantras qui deviennent centraux, on utilise les formes qui portent le nom de Yantras (le poster au dessus du meuble de la salle de Yoga est le Shri Yantra). Les Tantrikas ont été considérés comme des semeurs de troubles, des délinquants spirituels du fait de toutes ses révolutions et surtout du fait  que l’expérience prend le pas sur les dogmes. Et le Yoga Tantrique porte aussi le nom de Yoga Royal….les vilains farceurs, comme le Yoga de Patanjali, d’où de nombreuses confusions, l’un étant pris pour l’autre. C’est pas grave en soi….mais bon….rendons à César… ou plutôt aux Tantrikas…

Les Yamas et Niyamas sont donc au nombre de 10 chacun pour les Tantrikas. Ils ont un peu chamboulé aussi la classification de Patanjali. Disons qu’aux Yamas et Niyamas vus les jours précédents, les Tantrikas rajoutent d’autres éléments éthiques à observer :

-   Kshama, la patience à supporter toutes choses agréables ou désagréables, qui est aussi dans certains contextes, l’inclination à pardonner

-   Dhriti, la fermeté d’âme, la constance dans l’adversité et la prospérité

-   Dayâ, la bonté et la compassion

-   Arjava, la simplicité et la droiture

-   Mitâhâra ou la modération dans la nourriture (l’excès de nourriture pouvant détraquer la santé sans aucun bénéfice spirituel)

-   Dâna qui est l’obligation de faire des dons ou des aumônes à la mesure de ce qui a été légitimement acquis

-   Hrî qui est le sentiment ressenti si on agit à l’encontre du sacré (un peu un sentiment de honte, en tout cas d’inconfort intérieur)

-   Mati, la compréhension juste, intuitive de la pensée

-   Japa, la répétition méditative (et non pas mécanique et distraite) des mantras

-   Huta, certaines formes d’intériorisation de pratiques.

Il est compréhensible qu’on laisse ça de côté et qu’on se limite à la vision plus légère de Patanjali.

Voilà un peu expliqué, le contexte du Yoga.

 

Juste un dernier élément, assez extraordinaire…

Les anciens Yogis se sont rendus compte que tous les évènements importants de notre vie, tout ce qui génère en nous des émotions importantes, des actes importants ont leur siège dans notre tronc, selon un axe vertical. Regardez : La naissance d’un enfant se produit par la base du tronc, c’est une sortie. La procréation se situe un peu plus haut, dans le bas ventre. Les émotions fortes nous créent des papillons dans le ventre et de même l’inquiétude qu’on peut ressentir physiquement dans notre ventre (notez bien….une émotion qui se ressent physiquement….corps énergétique ou corps d’émotion qui se ressent sur le corps physique), l’amour et les palpitations qu’il donne sont attribués au cœur, le fait de parler (acte important de la vie quotidienne) est au niveau de notre gorge. Le fait de penser est derrière notre front puisque quand on est concentré, on fronce parfois les sourcils. Et quand on se connecte avec l’Infini, le transcendant, la sensation est qu’on se situe au dela de notre tête.

Et c’est ainsi que les anciens Yogis ont cartographié les chakras !

L’ouverture de la base, mulhadhara chakra

Le bas ventre, svadisthana chakra

Le ventre, manipura chakra

Le cœur, anahata chakra, le seuil entre les émotions du « bas » et le coté spirituel

La gorge, visshuda chakra

Le front, ajna chakra

La porte vers l’absolu, sur le sommet de la tête ou plutôt au dessus, Sahasrara.

Et à chaque chakras correspond des émotions, une ambiance intérieure (une énergie intérieure), une attitude, une chose à comprendre.

Et cet axe, le long duquel se situe toutes nos émotions, est notre arbre de vie, l’axe de notre vie et le support d’un certain nombre de pratique. On dit que cet axe résume à lui seul toute la vie humaine : cet axe se nomme la sushumna, parfois considéré comme superposé à la colonne vertébrale mais c’est inexact : cet axe énergétique (énergie = émotions) part de la fontanelle et va jusqu’au périnée.

Tout était là…..Il a suffit de rajouter la notion de prise de conscience déposée tout en bas de cet axe et de comprendre que les expériences de la vie et notre évolution intérieure du fait de la pratique, nous font prendre conscience d’un certain nombre de choses et que petit à petit des attentions spirituelles cèdent la place à une certaine matérialité et ce processus porte le nom de Kundalini « la Lovée » car cela est symbolisé par un cobra endormi, enroulé à la base de l’axe de vie, la Sushumna et au fur et à mesure des prises de conscience, cette Kundalini se déploie, perçant symboliquement ces chakras, centres de notre vie émotionnelle pour les purifier.

Voilà tout……pas de magie la-dedans, pas de chose extraordinaire comme on voit parfois autour des chakras dans des pratiques douteuses ésotérico-magiques, pas de magie…. Dans la Tradition du Yoga tantrique il y a juste l’expérience, l’observation, la compréhension, l’intégration de ce qu’est l’expérience humaine soutenue par la plus belle des symboliques et la confiance en la Vie, un puissant sentiment de Vie que l’on ressent dans chacune de nos cellules, puisque si nous sommes ici, c’est pour vivre cette expérience humaine. Quelle qu’elle soit. Etre avec ce qui Est.

 

shiva shakti

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