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4 avril 2020

Comprendre Les Yamas dans notre vie quotidienne et sur notre tapis de Yoga

Les 5 Yamas définis par Patanjali dans sa classification, sont les observances morales envers les autres qui permettent de garder la paix en soi et autour de soi :

Ce sont :

1) Ahimsa, la non violence :

Ahimsa c'est ne pas causer de souffrance ni de dommage, et respecter la vie humaine, la vie animale et la végétale. Ahimsa comprend donc le respect de l'environnement que constitue la planèteAhimsa consiste à ne pas nuire en pensées, en paroles et en actes

Ahimsa se pratique avec soi même, avec les autres, dans l'alimentation et l'hygiène de vie, dans sa relation à l'environnement. Ahimsa est le chemin vers la compassion. Si on arrive à voir que l'eau des rivières ressemble au sang qui coule dans nos veines, alors on ne peut plus être indifférent au sort du monde  et on s'ouvre à la compassion. Nous voudrons alors protéger toute vie, ne pas nuire à la vie.

Le concept de non violence est facile à comprendre lorsqu'il est vu vis à vis des autres.  La violence n'est pas seulement un acte physique, elle peut être verbale, elle peut être psychique. L'indifférence est aussi une forme de violence. La colère , si difficile à réprimer est une violence.

Il peut exister une certaine forme de violence bien que l’on soit dans la conscience d'ahimsa (l’éducation d'un enfant, sauver quelqu'un dans des situations où le non agir est plus violent que l'agir…). A ce propos, il faut garder à l’esprit la notion d'action juste, dictée par notre âme et qui nous met en paix avec nous-mêmes.

Si la non violence envers les autres est facile à comprendre, qu'en est il de la non violence envers soi même en pensées, en paroles et en actes ?

La violence en soi-même correspond aux tensions intérieures. L’évacuation de la violence passe par l’évacuation du stress. Le stress nous fait tricher envers nous-mêmes et envers le monde, le stress fausse le jeu et voile notre vraie nature car le stress est l’oubli de soi (dans le sens de notre nature véritable ou âme) pour faire face au monde. On peut aussi se brutaliser soi même par un auto jugement, un régime trop strict, vouloir faire un sport de façon trop intense pour maigrir ou autre, etc.

 

Comment amener Ahimsa dans notre vie quotidienne :

Dans notre vie quotidienne, au lieu de se laisser emporter par ces tensions intérieures, nous pouvons les accueillir, et surtout ne pas les considérer comme un échec. Nous pouvons au contraire,  en prendre conscience et essayer de comprendre les causes. Et pour cela, il est nécessaire de faire face à ses démons même si c'est un travail difficile, faire face à ses peurs. Les comprendre. Leur permettre de remonter dans le champ de notre Conscience et les regarder avec bienveillance. Essayer de les comprendre avec lucidité et douceur. On pourra alors utiliser les forces qui partent dans ces tensions intérieures pour notre bien être et celui des autres.

Dans les actes que nous faisons, pour trouver ahimsa, il faut se demander si nos actes et nos pensées servent à notre croissance intérieure et au bien être ou pas.

 

Lorsque nous pratiquons le Yoga chez soi ou pendant les cours, nous devons penser aussi à Ahimsa. On perd de vue Ahimsa quand parfois on pousse la posture alors qu'on devrait prendre un bloc, une sangle, quand on lutte avec une posture alors qu'on devrait la relâcher, quand on force son corps à faire quelque chose alors qu'il n'est pas encore prêt pour le faire. C’est pour cela qu’il faut adapter les postures, mettre une main moins loin, ne pas «vendre » la posture pour attraper un pied et perdre ainsi l’ouverture du corps. Si on est violent avec son corps, c'est qu'on ne l'écoute pas : la violence et la Conscience ne peuvent pas coexister. Quand on force, on ne ressent pas. Et l'un des objectifs des cours de Yoga est de cultiver le ressenti et la conscience du corps. La violence avec notre corps fait exactement l'effet inverse. Chaque geste que vous faites sur votre tapis de Yoga a un écho dans votre vie.

 

2) Satya, la vérité, la sincérité :

C'est la sincérité qui permet d'agir de façon juste, d’avoir une vue impartiale des événements, pour le bien de toutes les créatures. C'est aussi voir la réalité telle qu'elle est, ne pas mentir, être honnête. C'est apprendre à différencier nos observations et nos interprétations car nos interprétations résultent de notre filtre personnel donc de notre mental.  C'est accepter le monde tel qu'il est, s'accepter tel que nous sommes. Vous voyez donc qu’il y a une certaine lucidité qui émane de cette définition, mais une lucidité non jugeante. Lors de pratique méditative, je dis souvent que nous devenons « un espace de conscience, un espace d’accueil qui ne juge pas, le témoin immobile des phénomènes qui passent dans notre champ de conscience ». Dans la méditation, ces phénomènes sont les sons, les pensées, les ressentis, les émotions, les mémoires. Nous observons, immobile et sans jugement, accueillant tout cela.

Et comme toujours, ce travail intérieur viendra à l’extérieur dans notre vie quotidienne par ce Yamas.

Satya dans son sens profond se compose également de l’honnêteté, de l’absence de jugement et du fait d’être vrai et juste envers les autres et soi-même. Le principe de Satya demande donc du courage parce que nous ne pouvons rien cacher. Dans cette optique, le chemin de Satya mène à l’authenticité. Nous nous montrons tels que nous sommes et non pas tels que nous pensons que les autres nous voient. Cette honnêteté demande de la confiance et de l’assurance pour exprimer notre vérité et nous tenir à nos valeurs intrinsèques au risque d’être jugés et éventuellement rejetés. Il faut aussi de la force morale pour ne pas se conformer et répandre des ragots, sachant que nous pourrions éventuellement être la prochaine cible. Quand nous vivons selon Satya, nous vivons pleinement, sans masque, sans entrer dans un moule  et sommes intimement liés à toute l’humanité. Vérité et honnêteté doivent être au cœur de nos activités.

« Par sa nature même, la vérité porte l’évidence en soi. Dès qu’elle est débarrassée des toiles d’araignées de l’ignorance, la vérité brille avec éclat ». Ghandi. 

Pour conclure, n’oublions pas que toute vérité n’est pas bonne à dire si elle porte préjudice à autrui. Car pour respecter Satya nous vendrions Ahimsa (la non violence). Il est préférable dans ce cas de se taire puisque nous avons vu hier que la violence peut résulter de pensées, de mots, d’un acte physique, etc. Si elle est dite, cette vérité doit être dite avec douceur, amour et gentillesse, de la façon dont on aimerait l'entendre, ne pas la cacher mais sans violence, avec cette bienveillance dont on parle souvent.

Vous voyez qu’il y a un fragile équilibre entre Satya et Ahimsa.

Vis à vis de soi-même, Satya c'est aussi se dire la vérité à soi même, et il se peut qu'on aime pas cette vérité. C'est faire face à ses peurs. Là aussi, c’est un travail sur soi. En gardant toujours à l’esprit la notion de bienveillance.

Satya est un cheminement qui nous mène à laisser notre conscience s'exprimer en étant honnête envers les autres mais aussi envers soi même. Etre honnête envers soi même et voir la vérité en face, et c’est un cadeau que l'on se fait, même si parfois c'est difficile. Satya c'est aussi  éviter commentaires et conversations qui seraient basés sur quelque  chose qui ne serait pas exact, suppositions, rumeurs, exagérations...

 

Bien sûr nous devons avoir Satya en tête lorsque nous sommes sur le tapis de Yoga. Sur notre tapis, nous nous retrouvons face à nous-même. Nous pouvons certes ignorer ce que nous ressentons intérieurement et faire notre pratique de manière routinière.  Il serait cependant beaucoup plus profitable d’être bien conscient de  l’état de notre corps et de notre mental, d’apprendre à observer et à tenir compte de nos observations. Par exemple, ai-je bien aligné mes pieds ?  Le poids du corps est-il réparti également ?  Est-ce que j’utilise également les deux côtés de mon corps ?  Ces questions (et bien d’autres) sont importantes et devraient provoquer des réponses appropriées.  Une fois que j’ai observé une faiblesse, une asymétrie, quelle sera mon attitude?  En rester là sans rien faire ou  bien ajuster ou corriger ?

Dans la même idée, l’honnêteté par rapport à soi-même, c’est aussi accepter de voir ses limites et de travailler pour les reculer (si la santé le permet). Si une partie de notre corps ne nous permet pas de faire une posture juste, on se ment à nous mêmes si on pense que la posture est juste. Il faut voir la posture dans son ensemble et pas seulement la partie qui nous intéresse. Une posture est trop cher payée si pour l'avoir, on vend ahimsa et satya, c'est-à-dire la non violence et la vérité. C’est pourquoi les aménagements de posture avec les sangles, les blocs, les coussins sous nos genoux ne sont pas seulement nécessaires pour notre confort, ils sont indispensables pour respecter ahimsa et satya et leur fragile alchimie.

Chaque geste que l’on fait sur son tapis de Yoga a un sens profond. C’est pour cela que le Yoga n’est pas tout à fait une gymnastique.

 

 3) Asteya, l'honnêteté, mais aussi la non convoitise, l'« absence de vol ».

C'est aussi le fait de ne pas manipuler, ne pas tromper autrui ou dissimuler.

Dans la vie quotidienne, rappelez vous que l’idée derrière cela est d’avoir la paix en soi, nous cherchons le calme intérieur et pour cela nous souhaitons écarter ce qui pourrait activer de trop notre mental.

On peut comprendre Asteya à travers les pistes de réflexion suivantes :

On convoite quelque chose quand on pense qu'on ne peut pas créer ce dont on a besoin. Convoiter ce que l'on a pas, fait que, pendant ce temps, on n'apprécie pas ce que nous avons.  Le mental est obnubilé parfois d’avantage par ce que l’on a pas plutôt que par ce qu’on a.

Avoir pris ou gardé un objet qui ne nous appartient pas provoque une certaine pollution mentale qui nous empêche de profiter, ou donne un sentiment de culpabilité et du coup rendre un objet est accompagné d'un sentiment de soulagement.

Des pensées peuvent nous dire que l'on ne reçoit pas en proportion de ce que l'on donne.

Donc dans la vie quotidienne, il faut analyser de quoi vient notre sentiment de manque. Cette notion d’autoanalyse est constante dans la démarche, il y a vraiment cette idée de faire face à qui nous sommes, de se connaître.

Un autre angle de vue d’Asteya est très important : Asteya c'est aussi ne pas s'imposer auprès des gens plus que nécessaire (on « volerai » sinon le temps et l’énergie des autres), ne pas prendre l'énergie de quelqu'un par des actes : par exemple le culpabiliser, le dominer, le mettre sur la défensive, mais aussi obliger les gens à venir nous chercher car on se met dans son coin à l'écart d'eux (notion de vol de l’énergie des autres qui passerait du temps à insister pour notre bien alors qu’on fait la tête par exemple….lol)

Sur le tapis, dans une pratique personnelle, respecter Asteya c’est ne pas vouloir passer une posture avant que la précédente ne soit tout à fait maîtrisée. C’est donc commencer par savourer la posture que l’on maîtrise… Autrement dit, c’est avoir la grâce de ne pas vouloir ce pour quoi nous ne sommes pas encore prêts.  En cours, notre sentiment de manque nous pousserait à  économiser notre énergie pour faire une posture, ne pas y mettre toute son intention en pensant qu'on aura pas assez de force pour faire la suivante (la notion de feu intérieur, d’ardeur est aussi omniprésente, on le verra plus tard)

 

4)  Un autre Yamas qu’il faut comprendre par rapport à Asterya est Aparigraha, la « non-possession » de biens, le détachement, le contentement de ce que l’on a. Cela procure une sorte de sécurité émotionnelle et de stabilité, permettant à l'esprit de se concentrer sur des sujets plus spirituels. Par extension, Aparigraha est le voeu de pauvreté des moines et des nonnes, mais aussi des ascètes et renonçants qui ont renoncé à une vie d'homme au foyer dans un luxe matériel illusoire.

C'est différent d'asteya qui nous fait nous demander de quoi vient notre sentiment de manque.

Aparigraha nous fait trouver les racines d'un éventuel sentiment de jalousie. La jalousie c'est  désirer être quelqu'un d'autre ou avoir ce que quelqu'un d'autre a. Au lieu de trouver qui nous sommes vraiment, on veut être comme une autre personne, on l’imite et on vit sa vie par procuration. Si on se connait, si on découvre qui nous sommes vraiment, on ne va pas convoiter ce qu'est une autre personne.

Traduit dans notre vie quotidienne, respecter Aparigraha serait le fait de ne pas se définir par rapport à un statut, une possession, une apparence, un style de vie, un rôle social. Cela procure un lâcher prise qui permet de mieux voir toutes les propositions qui s'offrent à nous une fois qu'on a cessé de s'entêter. Cette notion là est ce qu'on appelle « l'abondance » :  Une conscience contrainte renforce nos limites, une conscience élargie induit l'abondance. C'est se réinventer en renaissant à ce que l'univers nous offre pour aller avec confiance dans la direction de nos rêves.

Dans une classe de Yoga, c'est ne pas se comparer aux autres dans les postures (j'y arrive pas, il y arrive). C'est pour cela que l'on s'intériorise, que l'on met notre regard vers l'intérieur ainsi nous pouvons travailler sur notre propre corps, nos propres capacités sans se préoccuper de ce que font les autres. Ceci est bien sûr plus facile lorsqu'on pratique seul chez soi, mais c'est une expérience de le vivre en groupe. C’est faire l’expérience du lâcher prise par rapport au monde extérieur et ses conditionnements.

 

5) Le dernier Yamas définit par Patanjali est donc Brahmacharya,  le « comportement qui mène au Brahman ».

Le mot Brahman signifie le sacré, le sacerdoce mais aussi l'Absolu, l'Être ou Principe suprême indifférencié ou encore le Dieu comme l'Essence ou le substrat du Tout selon les textes sacrés.

Littéralement, cela signifie « marcher avec le Brahman », c'est-à-dire « vivre avec le sacré ». Du coup, le compréhension s’étend à plusieurs niveaux :

A la base, cela évoque le contrôle des sens, la continence sexuelle exigée du novice afin qu’il puisse consacrer toute son énergie à la recherche de l’absolu. Le novice….voilà un curieux mot….Il y a une chose dont je n’ai pas parlé encore : le Yoga tel que définit par Patanjali et en considérant le mot Yoga comme désignant cette grande technique comprenant 8 étapes (et non la pratique de postures seulement), ce Yoga donc s’adressait…..à des personnes y consacrant leur vie, vivant en ashram. Le Yoga de Patanjali ne s’adressait pas à tout un chacun. Mais on va revenir sur ça plus tard, car il a fallu l’arrivée de la cavalerie pour que tout change….la cavalerie…..c’est le Yoga tantrique et les Tantrikas. On en reparlera.

 Revenons à Brahmacharya….. nous pouvons l’entendre comme la modération dans les désirs, pour éviter le gaspillage d'énergie.

C'est éviter les comportements qui nous éloignent de notre Moi supérieur en étouffant ou dissipant notre énergie vitale. En clair, c'est éviter de dépenser notre énergie vitale en frivolité, en choses sans but, en plaisir fugace. C'est avoir conscience que notre énergie vitale est précieuse et limitée alors on peut choisir d'utiliser cette énergie pour créer, poursuivre notre mission, trouver et exprimer joyeusement ce que nous sommes vraiment. Brahmacharya n'est pas un principe moralisateur c'est en fait se rappeler que si nous utilisons nos forces, notre énergie judicieusement, nous avons alors ce qu'il faut pour vivre une vie épanouissante.

Dans notre vie quotidienne,  il ne s'agit pas de fuir les plaisirs de la vie, il s'agit de pratiquer la modération. Il s'agit par extension d'éviter les comportements compulsifs :

- Agir avec gourmandise qui nous fait sentir le vide en nous ou les émotions, 

- se servir de l'autre comme un objet sexuel et assouvir une soif de contrôle ou de domination (dans les textes, Brahmacharya fait référence à l' "énergie sexuelle" : l'énergie de vie, la force vitale né dans le chakra de la base, donc Kundalini a une origine sexuelle. Si on l'utilise à une sexualité échevelée, cette énergie se gaspillera)

- le travail compulsif pour se valoriser,

- l'abus d'alcool ou de drogue pour éviter de se "sentir" et fuir vers des paradis artificiels,

- le jeu compulsif pour gagner le gros lot et ne plus rien faire ou bien ressentir une sorte de plaisir en jouant.

Il ne faut pas perdre de vue  la modération, même au sein de la modération.

 

 Dans la pratique, cette maîtrise passe par celle du regard (drishti), toujours très précisément orienté et immobile mais également en apprenant , pendant les postures, à relacher les muscles non utiles, à trouver la bonne position pour ne pas fatiguer le corps. C'est optimiser l'utilisation de son énergie.

 

 

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